Pierre-Yves Normand est chanvrier en Bretagne, et ce depuis 20 ans ! C’est lui en partie qui cultive, et nous fournit la matière première à l’origine de tous nos soins. Ce producteur passionné nous raconte son métier, les mille et une utilisations possibles de cette plante écologique par nature dans plusieurs industries. Il nous éclaire aussi sur la façon dont on obtient du CBD, des huiles végétales et des huiles essentielles à partir de notre plante préférée. Rencontre avec notre premier expert.
Quel est ton métier ?
Je suis chanvrier depuis 20 ans. Être chanvrier, c’est savoir cultiver la plante “chanvre”. On sait donc comment pousse une graine, comment en faire des plans et les sécher,la façon dont transformer la matière en protéine, en farine, en huile ou bien en poudre de cannabinoïde. Cultiver, transformer, sécher, conditionner, c’est un peu mon quotidien ! Et puis bien sûr, après, il faut savoir commercialiser la matière première avec toutes les normes à respecter sur le marché.
En quoi le chanvre est-il une plante écologique ?
C’est la plante écologique par excellence ! Longtemps oubliée, elle n’a donc jamais été transformée et pousse aujourd’hui quasiment sans engrais, sans pesticides, sans insecticides - elle n’a aucun prédateur. On dit qu’elle est écologique également, grâce à sa racine pivotante, qui décompacte le sol, l’aère et permet à la biodiversité de se re-développer pour avoir un sol vivant. Et le mieux : elle n’a pas besoin d’arrosage, donc pas d’eau non plus ! Elle grandit dans les montagnes arides du Maroc jusqu'aux champs de Bretagne (même si les rendements vont différer évidemment). En bref, c’est une plante qui se débrouille toute seule !
Quelles parties du chanvre sont intéressantes à utiliser dans le secteur du bien-être ?
Ce qui est formidable, c’est qu’on peut utiliser l'ensemble de la plante.
- Les racines peuvent être broyées pour faire des cataplasmes
- La tige va être transformée pour fabriquer du fil pour les tissus ou des copeaux pour l’isolation.
- La fleur contient les cannabinoïdes, flavonoïdes et huiles essentielles. C’est en effet dans cette partie qu’on va venir récupérer des micro-billes (microscopiques) qu'on appelle les trichomes. Ils contiennent une enveloppe lipidique dotée des fameuses molécules “bien-être”. L'enveloppe protège ces molécules - d’où la nécessité d’une récolte manuelle pour préserver une qualité exceptionnelle pour la santé, le bien-être mais aussi en alimentaire, cosmétique et thérapeuthique (ndlr : le Dr Pascal Douek nous éclaire sur les avancées du cannabis thérapeutique en France par ici).
Quand on y réfléchit, on a interdit cette plante multi-fonction pendant des années, juste à cause de ces micro-billes qui contenaient un peu de THC !
Pourquoi le chanvre est une plante apaisante ?
Ce qu’il y a d’intéressant dans le chanvre, niveau bien-être, ce sont ces fameuses flavonoïdes qui contiennent des molécules et qui permettent au corps, aux humeurs, de se réguler, mais également de favoriser la détente, apaiser les crampes, les douleurs musculaires et certaines maladies. On a également les huiles végétales issues de la pression des graines qui contiennent des omega 3 omega 6, et 11 acides aminés que le corps n’est pas capable de fabriquer. On parle beaucoup de la molécule CBD, mais il y en a plein d’autres à découvrir comme le CBC, le CBN, le CBG - une panoplie exceptionnelle pour le bien-être et sans contre-indication thérapeutique. Même si le chanvre pousse en France, on est obligé de sourcer le CBD à l’international (ndlr : par exemple en Suisse) pour des raisons légales*
*En France, il est légal de cultiver du chanvre (ou cannabis) s’il contient moins de 0,2 % de THC. C’est le cas des champs de Pierre-Yves en Bretagne notamment - où pousse une variété différente de la plante que celle utilisée pour un usage récréatif, au taux de THC bien supérieur). En revanche, un arrêté dans le Code de la santé publique stipule précisément “la culture, l’importation, l’exportation et l’utilisation industrielle et commerciale (fibres et graines) des variétés de Cannabis sativa L sont autorisés”. La fleur n’est pas mentionnée, d’où le flou juridique et les nombreux combats du Syndicat Professionnel du Chanvre dont Laure, fondatrice de HO KARAN fait partie.
Comment obtient-on de l’huile de chanvre ?
Directement dans les graines. On les presse pour en sortir les huiles végétales, et on extrait également les huiles essentielles à la vapeur d’eau au distillateur à partir de la plante fraîche.*
*Le saviez-vous : il faut à peu près une tonne de matière pour faire un litre d’huile essentielle de chanvre !
Et comment obtient-on le CBD ?
On va sécher la plante, la broyer, tamiser ces fameux trichome pour obtenir de la poudre riche en cannabinoides. Pour extraire ces derniers (avec l’effet d’entourage, donc avec du CBG, CBC etc), on peut les diluer dans l’huile pour faire des huiles de massage par exemple, ou les extraire avec des solvants mais nous préférons la méthode traditionnelle. Une autre solution, pour isoler le CBD et n’obtenir que cette molécule, il faut passer par des machines avec du CO2 (un gaz neutre) qui accrochent le CBD, à extraire avec des fioles.
Qu’est-ce qui est unique chez HO KARAN selon vous ?
Déjà, le fait d’utiliser le chanvre, qui est une plante unique aux mille et unes utilisations ! Et chez Bretagne Chanvre Développement, cela fait 20 ans qu’on croit aux bienfaits de cette plante. Notre savoir faire ancestral nous vient de nos arrières grands parents. Les grands-parents de Laure également étaient chanvriers ! Et cette dernière est bretonne comme moi (rires). C’est la première à s’être lancée sur le marché en 2015 avec cette qualité de produit. Des matériaux naturels, une certaine recherche de la perfection et même des emballages éco-responsables à base de chanvre. Ce n’est pas qu’une démarche commerciale, il y a de vraies valeurs associées à ce projet et je suis fier de collaborer de cette façon avec la marque !
Regardez la vidéo par ici !